Ces femmes artistes et peintres qu'on a laissées trop longtemps dans l'ombre
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TogglePlus je vieillis et plus je me rends compte que l’Art a toujours été pour l’être humain un moyen de se connecter à l’infini, de s’évader, de grandir, de se dépasser, de rêver, de vivre au jour le jour « intensément » et « poétiquement ». Mais je réalise aussi, que le travail artistique des femmes a été mis sous silence.
Il y a des noms qu’on n’entend jamais.
Pas parce qu’ils sont secrets,
mais parce qu’ils ne crient pas.
Ils parlent bas.
Comme les ruisseaux dans les sous-bois.
Comme les âmes dans les tableaux.
Ce sont des noms de femmes.
Des femmes qui ont peint.
Mais pas pour être vues.
Pour être vraies.
On nous a appris très tôt les grands noms –
les hommes, les maîtres, les tonnerres.
Mais on ne nous a pas dit
qu’il existait aussi des voix douces
capables d’ouvrir la toile
comme on entrouvre une fenêtre au matin.
Artemisia Gentileschi, par exemple.
On a voulu la réduire à sa colère,
à son histoire.
Mais elle, elle posait sur la toile
des femmes qui se relevaient.
Pas des modèles. Des flammes.
Élisabeth Vigée Le Brun caressait le monde du bout du pinceau.
Elle attrapait les regards comme on cueille des papillons –
avec une infinie délicatesse.
Elle peignait des battements de cœur sous la soie.
Berthe Morisot peignait ce que l’œil pressé ne voit jamais :
la lumière dans un rideau,
la paix dans un après-midi.
Peindre, pour elle,
c’était aimer ce qui échappe aux catalogues.
Rosa Bonheur ne voulait pas des salons.
Elle marchait dans les prés,
elle écoutait le souffle des chevaux
et elle le posait, intact, sur la toile.
Son art n’avait pas besoin de discours.
Il était vivant.
Suzanne Valadon jetait la vérité sur les corps.
Elle n’excusait rien.
Elle aimait le réel jusque dans ses courbes blessées.
C’était une femme qui osait tout dire,
mais sans hausser le ton.
Gwen John, elle, se taisait.
Et ce silence, elle en faisait des portraits.
Rien n’y bougeait.
Mais tout y vibrait.
Hilma af Klint fermait les yeux
et voyait plus loin que la réalité.
Ses toiles étaient des prières.
Des cartes pour des mondes que nous n’avons pas encore trouvés.
Judith Leyster, Clara Peeters, Lee Krasner,
Remedios Varo, Leonora Carrington, Dorothea Tanning…
Elles portaient des univers entiers dans leur poitrine.
Des galaxies d’encre,
des labyrinthes de lumière.
Elles n’ont pas demandé la gloire.
Elles ont juste laissé une trace.
Fragile.
Comme une main dans la poussière.
Comme un souffle dans un miroir embué.
Pourquoi ne les a-t-on pas entendues ?
Parce qu’elles chantaient en dedans.
Et le monde, lui, n’écoute que ce qui frappe fort.
Mais nous, maintenant, nous pouvons nous pencher.
Regarder.
Entrer dans leurs œuvres comme on entre dans une chambre où l’on a aimé.
Et découvrir que la lumière ne crie jamais.
Elle veille.
DAM KAT

